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vain de secourir Paris. Les frères Margueritte nous content, d’un accent triste et vaillant, ces efforts malheureux. Ils s’indignent contre Bourbaki et Trochu qui ne surent pas vouloir. Ils s’enthousiasment pour Gambetta, pour Chanzy et pour Faidherbe qui voulaient et qui, semble-t-il, auraient réussi si leur don complet et leur tenace énergie n’avaient été rendus inutiles par la faiblesse résignée des deux autres.

Le sujet, fort complexe, tout de détails et d’épisodes, était difficile à grouper en livre. Vue du côté français, cette guerre de 1870 est une tragédie mal faite dont l’action multiple se dissémine insaisissable sur dix théâtres à la fois. Au lieu de dresser un héros unique, les auteurs, élevés au collège naturaliste, ont voulu nous intéresser à toute une famille et, sur chacun des lieux où doit se passer quelque chose, ils ont placé, témoin ému, un membre de cette famille. Hélas ! l’artifice naïf, au lieu de donner au récit quelque unité même apparente, en fait sentir plus cruellement la dispersion. Pas plus que les tronçons du glaive de la France, les tronçons du livre ne se rejoindront. On sent l’impuissance dès les premières pages ; il n’y a plus qu’à se résigner, à s’intéresser aux divers