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ciennement inscrits. Ceux de nos jeunes gens qui aspirent à ses avilissantes faveurs se hâtent de prendre leurs inscriptions à la Faculté de publicité et de tracer sur leur front le gros numéro. Et ils multiplient les gestes raccrocheurs : publications qui répètent ou manifestations qui rabâchent. Peu importe, pourvu qu’elles soient vides et impersonnelles, les paroles ânonnées sur la route du succès. Ce qu’il faut, c’est partir de bonne heure, marcher sans arrêt, agiter un drapeau bien connu, sourire à ses voisins en les rejetant en arrière d’un coude habilement anonyme et crier bien fort sans rien dire de nouveau ou de compromettant. Plusieurs n’ont pas besoin de se forcer pour ne rien dire en leurs bavardages.

Altruisme, socialisme, humanisme, tous les noms grotesques inventés par notre temps pour abaisser, vulgariser, démocratiser la noblesse de l’amour, sont à la mode et font recette, A la mode aussi, la « libre-pensée » en bande et selon la formule. Comme le loup déguisé en berger, nos jeunes arrivistes voudraient écrire sur leur chapeau : C’est moi qui suis Guillot l’altruiste, Gregh l’humaniste, Béret le laïque ou Riz-Choux le socialiste.