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vieillisse encore un peu. Il proclame prochaine l’époque où montera vers le soleil « avec les chœurs et les parfums de Cybèle rajeunie, la pieuse allégresse du banquet où l’Homme, à jamais débourbé des dogmes et des lois, communiera, dans une agape généreuse, avec l’humanité. » Et l’idéal magnifique que Tailhade nous propose n’est pas difficile à atteindre. Peut-être M. Combes sera-t-il un pasteur suffisant pour nous conduire à la terre promise. Car, — Tailhade n’en doute pas, ni vous non plus, je suppose, — « le surnaturel en fuite, la misère disparaîtra bientôt. »

Très oratoire aussi, la simplicité agressive de son esprit. Quand l’individu est mort qui combattit le mal social, les puissants s’emparent de son nom, et ils faussent et tordent sa pensée jusqu’à s’en faire une couronne. Il n’y a pas d’exemple d’une gloire populaire qui ne soit devenue la proie des puissants. Leygues, tyranneau de la pensée, et Hanotaux, valet du bourreau Abdul-Hamid, ne furent-ils pas les loueurs officiels de Victor Hugo, âme sans générosité certes, mais verbe toujours prêt à combattre pour les libertés et à défendre les peuples opprimés ? Volontiers Tailhade tomberait dans