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sur cette pourriture qui a nom Annunzio, le pauvre petit « respire le parfum d’une âme ».

Généralement ce qu’il dit est moins inattendu. Il regarde d’un peu loin les objets de ses dithyrambes, il prend volontiers le Pirée pour un homme, un singe pour un Dieu et Anatole France pour Balzac. Mais, d’ordinaire, il ne se fie pas à ses propres yeux. Il lit les critiques avec une grande bonne volonté assimilatrice, et les professeurs loueront la docilité avec laquelle le cher enfant ânonne sa leçon. Il répète ce qu’ont dit les autres et sa souplesse pasticheuse nous rend en grimaces les sourires qui eurent du succès. Son article sur Paul Desjardins, par exemple, est du Jules Lemaître pour imbéciles, comme le fameux Menuet était du Verlaine pour Gastons Deschamps. À propos de Verlaine lui-même, il délaie en quelques pages un mot de Charles Maurras que je répète de mémoire — car l’élève pillard ne cite pas toujours ses maîtres — sur « le catholique aux cuisses de faune ».

Signalerai-je plus longuement la banalité de ce louangeur à gages qui commence volontiers par des formules telles : « On a beaucoup parlé du Feu » ; « On a beaucoup parlé des Tenailles » ? Daignerai-je lui indiquer quelques-unes