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pour supporter la désapprobation générale et regrette seulement pour ses héros qu’ils soient venus « cinquante ans trop tôt ». Sans doute ces explications pourraient ne pas s’exclure, se soutenir même mutuellement et il serait intéressant de faire sa part à la première, sa part à la seconde, à la troisième sa part. Mais l’auteur est impuissant à les nouer en faisceau ; il ne paraît même pas les apercevoir simultanément et chacune, à l’instant où il l’exprime, semble pour lui l’explication totale. Il ignore d’ailleurs que la cause principale du désastre se trouve dans la complexité ondoyante, dans la vivacité puérile et la puérile lâcheté de sa singulière Suzanne.

Les vérités anti-sociales et les demi-vérités psychologiques contenues dans Jude l’obscur pouvaient peut-être se mouvoir en une harmonie vivante. L’auteur n’a pas su les mettre à leur place ; les membres restent bizarrement dispersés et comme hostiles. Thomas Hardy, remarquable par le détail de l’invention, est une puissance synthétique insuffisante. C’est pour cela que chez lui aussi « trop d’abondance appauvrit la matière » et, qu’au lieu du beau