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abandonne ne regrette point de faire souffrir, n’hésite point devant la souffrance qu’il crée ; il en jouit et, pour renouveler son ignoble plaisir, il s’applique à la multiplier, à la diversifier. Ce livre, où des pourpres d’incendie cachent mal l’ignominie du maquerellage et l’ignominie du sadisme, a produit un miracle que j’aurais cru impossible : il m’a rendu un instant Adolphe sympathique.

Le succès d’Annunzio, plagiaire impuissant à ordonner ses vols en construction solide ; d’Annunzio, lyrique écumant de toutes les démences aphrodisiaques et destructives, est une des grandes hontes de notre temps. Serions-nous décidément plus vils que les contemporains de Néron ? Eux, du moins, n’applaudissaient que sous peine de mort et il fallait des soldats pour leur imposer l’histrion couronné.

« Vous savez que notre situation se trouve dans Madame Bovary », dit une héroïne de Matilde Serao. Tous ses personnages pourraient faire souvent de telles remarques. D’autres situations viennent de Flaubert, et aussi des procédés. Des procédés viennent de Zola,