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teur de l’Intermède de rimes et du Feu ne sait parler que de lui-même, examinons qui il est. Si cette « chère âme » était belle de quelque générosité native ou acquise, nous serions — malgré le néant de la pensée, malgré l’enfantillage des constructions et le manque de vie des personnages — payés un peu de notre effort à suivre les longues divagations. Car on ne saurait se contenter d’un rythme qui charme d’abord mais dont la monotonie ne tarde pas à irriter ou à endormir, ni même de quelques images ardentes mais d’un dessin vraiment insuffisant.

Hélas ! quand on l’a dépouillé des pourpres volées un peu partout dont il drape la gueuserie de son esprit et l’infamie de son âme, on se trouve en présence d’une brute conquérante ou d’un animal de chasse.

La victoire, il le répète souvent, lui est nécessaire « comme l’air à ses poumons. » Et, en effet, ce misérable poursuit le succès avec une âpreté qui ne recule devant aucun moyen. Monsieur Alphonse Bonaparte épousa, pour obtenir un commandement, la maîtresse de Barras : Monsieur Alphonse d’Annunzio fit la conquête de l’actrice qui pouvait servir sa gloire en jouant