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vers de deux syllabes, de l’hexamètre latin à la prose française roide en son armure ou souple et jupes troussées — sont aussi innombrables que les merveilles à exprimer. Le lyrisme, le calme épique, la tendresse de l’idylle, le drame et ses violences, la brutalité satirique, réveillent à chaque pas l’attention, nous étonnent à la fois par l’inattendu et l’à-propos. Comme la science de la vie est universelle, le poète se manifeste observateur, mathématicien, théologien, mage. Et sa langue s’enrichit des apports de toutes les sciences, et de la naïveté bleue des archaïsmes, et de la rouge noblesse des latinismes, et de la lumière blanche des occitanismes. Et saphirs, rubis ou diamants s’enchâssent dans l’or d’un français solide, encore qu’aux imprévues ciselures.

Ce ne sont pas les fleurs du bord de la route qui font la beauté du voyage et les rares que je vais montrer ne peuvent guère aider à juger une œuvre aussi considérable. En vérité, je crois que si je les fais voir c’est pour les regarder et parce que, toutes petites, elles éveillent, en moi qui eus la joie des paysages, de vastes souvenirs. Je ne les classe même pas : l’ordre de la cueillette, plus évocateur, me plaît mieux.