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cabre : je ne sais rien de moins vertigineux que son rythme et de moins évocateur que les détails choisis. Mais dans les langueurs heureuses, et dans les lenteurs charmantes, et dans les visions douces et lointaines, je ne connais pas de poète à lui comparer.

Il y a deux mètres qu’il manie avec une sûreté rare. Ses strophes d’octosyllabes sont inférieures ; mais il sait user mieux que personne des diverses stances d’alexandrins, et je n’hésite pas à le considérer comme notre meilleur chanteur de vers libres.

Au hasard, quelques exemples de l’une et de l’autre harmonie.

Où trouver des grands vers plus chantants que ceux-ci :

Les roses ont ouvert leurs lèvres de satin
Devant la volupté des caresses nocturnes ;
Et les lys, inclinant la blancheur de leurs urnes,
Tendent leur pistil d’or au baiser clandestin.

Écoutez encore cette mélodie :

Nous irons devant nous de prairie en prairie
Insoucieux de l’homme injuste et de sa loi.
La nature saura voiler de son feuillage
Mes timides baisers sur tes yeux ingénus ;