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en croix. Oh ! que le sang de tous les justes retombe sur les bourreaux, et sur leurs enfants, et sur les enfants de leurs enfants ! Mais le poète lui adresse des paroles apaisantes et lui recommande de ne pas ensevelir sa dépouille. Il veut que son corps rentre immédiatement au grand rythme de la vie matérielle tandis que son âme ira rejoindre les autres forces de renouvellement et continuera son œuvre.

Le poète est crucifié. Le poète meurt. Le jour meurt. La foule s’écoule. La femme restée seule vivante sur la colline du sacrifice croit voir, dans une sorte de songe éveillé, le Christ descendre de sa croix : l’ancien crucifié vient donner au crucifié nouveau le baiser de paix.

Trois mois plus tard, un mendiant qui passe sur la route, s’agenouille devant le Christ, lui demande quelle loi rendra, enfin, les hommes meilleurs. Le Christ lui répond : Il n’y a qu’une seule Parole. Je l’ai dite, voici bien des siècles. Quand vous déciderez-vous à l’écouter avec vos cœurs ? quand consentirez-vous à la loi d’Amour ?

Rien ne me paraît plus beau que l’allure harmonieusement idéaliste ou, pour parler en pé-