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subtil disait ses règles générales, l’historien littéraire devrait encore distinguer les secrets prosodiques de chaque époque et par quel mystère le vers de la Pléiade n’est point le vers du xve siècle ni celui du xviie. Et le critique devrait encore découvrir le secret de chaque maître, nous faire sentir en quoi diffèrent l’alexandrin de Racine sinueux et profond comme un sourire dessiné par Vinci et l’alexandrin de Corneille solide et précis comme sur une médaille un profil de Romain. Or une préface qui n’est pas une page de critique n’est rien. Armand Silvestre devait, oubliant sa ridicule comparaison entre Boissier et Hérédia, nous faire sentir que nous ne trouverions pas ici derrière un vitrail de musée des statuettes parnassiennes aux lignes immobiles mais sous la désolation fleurie de la lande un vivant grand et triste dont le vent soulève le manteau.

Les sottises d’Armand Silvestre m’ont permis de définir Boissier de façon plus vivante et je dirai peu de chose de son volume suivant : Esquisses et Fresques. Ce recueil publié la même année que Le psautier du barde est très supérieur et Sylvestre n’y trouverait absolument plus rien à louer. L’alexandrin est devenu plus