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Elle a alourdi le travail d’autrui et sa propre fatigue. Elle a tué l’ange chez l’ouvrière en lui volant tout loisir ; elle l’a tué en elle-même en tuant sa liberté, en assujettissant le dieu aux caprices des brutes humaines.

Un esclave a dit au Maître :

— Écoute combien je suis amusant. Impose à cet autre qui est ennuyeux et muet comme un poisson ma part de travail, et demain j’aurai encore plus d’esprit. Je t’aurai fabriqué des mots qui feront rire ton ennui.

Il a dit encore :

— Dispense-moi du labeur grossier et je t’ajusterai des philosophies ingénieuses qui t’expliqueront l’univers.

Et aussi :

— Donne-moi le loisir de converser avec Dieu et je te ferai connaître plus en détail sa volonté, qui est que tu sois grand. Et je la prêcherai plus persuasivement à mes frères qui ont été créés comme moi pour t’admirer, t’aimer et te servir.

Il a ajouté :

— Je te conterai les guerres des héros, les