Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tholique : une diabolique qui finit bien. À propos de l’inceste qui est le sujet de ce roman, j’écrivais ces lignes d’homme qui voit presque et qui refuse de voir tout à fait :

« Léon Daudet n’a pas compris la véritable faute de ses héros. Suzanne n’aime pas Guillaume ; elle veut son père. Guillaume est moins séduit par la beauté de Suzanne que par l’idée de l’inceste. Leur baiser est un acte de révolte. Ils font, sans amour, le geste d’amour. Or le seul crime est de se préoccuper de la loi ; mais il y a deux façons de le commettre : obéir aux conventions ou les violer pour le plaisir enfantin de les violer. Suzanne et Guillaume commencent par la seconde puérilité, tombent ensuite dans la première. Ils ne savent jamais être eux-mêmes sincèrement, tranquillement, ignorer en toute innocence que des gens se sont permis de formuler des règles morales universelles. »

Je n’aurai pas la cruauté de juger après sa chute un esprit dont j’aimai le départ hésitant. Le Léon Daudet des Parlementeurs et de tant d’autres banalités hurlantes n’intéresse personne, sauf peut-être Édouard Drumont, qui insulta Alphonse Daudet et que Léon Daudet,