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appellerais de la condamnation trop générale de Léon Bloy.

Sur quelques points de métaphysique et de morale indiqués dans Je m’accuse, j’aurais plaisir aussi à contredire le redoutable écrivain. Il faut me borner. Je relève seulement une pensée à laquelle l’auteur doit tenir puisque, après l’avoir exprimée page 46, il la répète page 116 : Dreyfus est innocent du crime pour lequel on le condamna ; mais son supplice expie quelque autre faute inconnue. « Car Dieu est infiniment équitable et chaque homme, en ce monde comme en l’autre, a toujours ce qu’il mérite. » Je ne ferai pas remarquer ce que de telles paroles, écrites pendant que l’innocent souffrait encore, avaient d’odieux. Je me contenterai de demander à Marchenoir pourquoi, s’il a « ce qu’il mérite », il rugit si souvent et si fort contre l’injustice des contemporains à son égard.

Je m’arrête. Je craindrais, en insistant, de réjouir tel misérable ennemi de Léon Bloy. Un bon écrivain peut se tromper quelquefois, ô Edmond Lepelletier, sans que les cochons cessent pour cela d’être des cochons.

Les premiers livres de Léon Daudet étaient