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dure en France un prince du sonnet. D’ailleurs Hérédia se trompe sur la place qu’il mérite dans le petit genre artificiel. Après comme avant les Trophées, le premier des sonnettistes français, — et ce n’est pas un bien grand homme — s’appelle Maynard. Ce Maynard fut le meilleur élève de Malherbe. Il mit en sonnets les lieux communs philosophiques de Malherbe, et son époque le proclama poète. Notre José-Maria mit en sonnets les lieux communs historiques de Leconte de Lisle et obtint le même résultat immédiat. Les contemporains aiment récompenser les bons élèves qui abaissent les maîtres à la portée de toutes les sympathies. On leur accorde beaucoup plus qu’aux maîtres qu’ils vulgarisent et familiarisent. Je n’ai pas besoin de vérifier les dates pour avancer que José-Maria de Hérédia, ce Leconte de Lisle de poche, est entré à l’Académie plus jeune que Leconte de Lisle.

Mais est-il utile de dire le cas que la postérité fait des élèves ? Maynard fut oublié aussitôt après sa mort. M. de Hérédia a des chances de se survivre davantage : ses gendres trouveront peut-être intérêt à lui faire de la réclame.

Ce travailleur âpre et lent mérite d’ailleurs un salaire et je ne songe pas au ramasseur