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point parvenu à ce que nous croyons être la vérité sans mélange, nous ne nous en effraierons ni pour lui, ni pour nous. Peut-être, dans la nuit où nous sommes, de fausses lueurs égarent-elles les savants et les mages, tandis que l’étoile qui les guiderait n’apparaît qu’à quelques ignorants pastoureaux. Mais quand on parle de ces esprits errants dont fut Ruskin, qu’importe ce qu’il y a eu dans leur ciel ? Ce qui importe, c’est ce qu’il y a eu dans leur cœur. S’il y a eu le désir de la vérité, s’ils l’ont cherchée sans arrière-pensée, sans retours égoïstes, sans orgueil, quelle que soit l’oasis de foi ou le désert de doute où l’étoile les ait menés, cette oasis ou ce désert aura été tout de même pour eux un Bethléem. Et au vieillard qui cria durant soixante ans de sa vie : « Gloire à la Beauté dans les cieux ! » il restera bien quelques anges attardés de la nuit divine pour répondre : « Paix sur la terre à l’homme de bonne volonté ! »…

Lucerne, août 1893. — Costebelle, février 1897.