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plus heureuses du régime industriel et économique que la science a inauguré ?

Les foules,... alors regardons de ce côté. Nous les verrons s’avancer, plaintives ou menaçantes, à Tassant de la société moderne, armées de plus de revendications qu’elles n’en ont jamais apporté au monde ancien. Chaque jour l’étiage du crime monte, comme une crue de sang. Chaque jour, des suicides plus nombreux se lisent en lettres qui devraient être rouges, sur les colonnes des journaux, et — chose inouïe jadis — des suicides d’enfants.... Chaque jour, sur quelque point de ce globe civilisé, des révoltes d’ouvriers éclatent, brisant ces merveilleux et fragiles outils que la science a confectionnés pour leur bonheur. « Nos cités sont un désert de roues à filer au lieu d’être pleines de palais, et cependant le peuple n’a pas de vêtements ; nous avons noirci les feuilles des bois anglais avec nos fumées, et le peuple meurt de froid ; nos ports sont des forêts de navires marchands, et cependant il meurt de faim.... » On a jeté bas les monuments pittoresques du moyen âge et jusqu’aux remparts des villes qui, de loin, ravissaient les yeux du voyageur, mais a-t-on, en retour, donné quelque chose à ce peuple ? A-t-on changé ces pierres en pains ? On a coupé les arbres de nos forêts pour bâtir des usines et à la place des