Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’avoir des ouvrières qui savent peindre des porcelaines et rien d’autre. » Cette division du travail est, parait-il, merveilleuse dans l’industrie pour aller vite et gagner beaucoup ; mais elle tue tous les arts à la fois. Elle les sépare, dès leur source, et les plus grands efforts ne les pourront jamais bien réunir. On peut faire des morceaux, non plus un tout, des collections, non plus un organisme. Pour faire un ensemble, il faut la même vie et la même vie ou la vie n’est donnée que par le même procréateur ou inspirateur.

Telle est la loi qui fit les grands ensembles que nous admirons en Italie. « Aux alentours de l’an 1300, vous trouverez que, sur les cinq plus grands artistes : Cimabue, Jean de Pise, Arnolfo, André de Pise et Giotto, quatre étaient architectes autant que sculpteurs et peintres. Ce fut justement l’époque des grands ensembles jaillis avec la vie en eux. Plus tard, la peinture absorba et perdit tout. Vous devez en conclure que les trois arts doivent être pratiqués ensemble et que personne ne peut être un bon sculpteur qui n’est pas un bon architecte, c’est-à-dire qui n’a pas assez de savoir ni ne prend assez de plaisir dans les lois structurales pour pouvoir bâtir à l’occasion mieux qu’un simple constructeur. » Et de même que toutes les besognes peuvent être faites par la même