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touche de bleu et posez-la légèrement sur le rouge, de façon à laisser voir le rouge au travers, et vous produirez ainsi le pourpre. » Mieux encore : posez les couleurs vives par petits points sur ou dans les interstices des autres et « appliquez le principe des couleurs séparées à son raffinement le plus extrême, usant d’atomes de couleur en juxtaposition plutôt qu’en larges espaces. Et enfin, si vous en avez le temps, plutôt que de rien mélanger, copiez la Nature dans ses fleurs ponctuées de couleurs diverses : les digitales, par exemple, et les calcéolaires. Et produisez les teintes mixtes par l’entre-croisement des touches des diverses couleurs crues dont ces teintes mixtes sont formées. »

Ne serait-ce pas le pointillisme qui, dès 1856, se trouve ici prophétisé ? C’est lui-même ; et l’on s’explique bien que d’excellents esprits attaquent Ruskin, mais on ne s’explique pas qu’ils l’attaquent comme « suranné ». Si l’on veut dire par là qu’il a quelquefois défendu certains principes éternels qui étaient vrais avant que nous fussions et qui le demeureront après que nous aurons été, on a raison. Mais si l’on insinue qu’il n’a ni admis, ni compris, ni prévu les écoles nouvelles, on témoigne simplement qu’on’ a oublié de le lire avant que d’en parler. Car l’homme qui, en 1843, écrivait qu’il fallait aller à la Nature, sans rien