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venir de la Nature, il crie : la voilà ! la voilà ! Il applaudit, dans le byzantin, « à la délicatesse de la subdivision que la Nature nous enseigne par la feuille de persil et, dans le gothique, à la feuille de chêne, d’épine et de ronce ». Il loue les architectes du Palais Ducal de chercher la largeur du feuillage, afin de l’harmoniser avec les larges surfaces de leurs murailles puissantes, comme la Nature se plaît elle-même à la fraîcheur vive de la large feuille d’oseille ou de nénuphar.... Il demande enfin qu’on « place l’ornement végétal le plus exubérant là où la Nature elle-même l’aurait placé. Ainsi, l’ornement végétal du chapiteau corinthien est beau, parce qu’il s’épanouit sous l’abaque exactement comme la Nature l’aurait fait épanouir et parce qu’il apparaît comme s’il sortait réellement d’une racine encore que cette racine reste cachée à nos yeux.... »

Et comme il n’est rien dans la Nature d’incolore, ni de monochrome, il faut à ce paysagiste-architecte des édifices coloriés du haut jusques en bas. Non pas qu’il veuille que des lignes rouges ou bleues soulignent les jointures des blocs de pierre ou les cannelures des colonnes, comme des brandebourgs reproduisant sur le vêtement les côtes du squelette humain, mais bien au contraire que des teintes diverses et vives s’entre-croisant et se pénétrant