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peine rencontré l’artifice et le mort ! Mieux encore : ils vont chercher la Nature au théâtre, sous la lumière, non du soleil, mais du gaz, éclairant non des chairs nues, mais des maillots, maillots d’êtres piétinant non la terre, mais des planches, respirant non sous des nuages, mais sous des gazes peintes, marchant non pas avec des pieds nus et libres, mais pirouettant avec des pieds déformés par la danse, et non par une danse aisément apprise avec les aïeux au son des roseaux, dans les granges, mais par quelque pizzicato : Voilà la Nature, disent-ils, prise sur le fait, et voici la Beauté ! Mais si c’est ici la Nature, qu’est-ce donc que l’artifice ? Si c’est ici la terre, qu’est-ce donc que le sol où germent les grands blés nourriciers et les fleurs consolantes ? Si c’est là le ciel, qu’est-ce donc que cet espace d’où tombent les pluies qui fécondent et les rayons qui mûrissent ? — Pour les retrouver plutôt, ouvrons les fenêtres ; non, sortons du théâtre où les réalistes vont chercher leurs modèles de figures, passons les fortifications où ils cherchent leurs modèles de paysages, retournons là où l’électricité ne serpente plus à ras de terre, là où l’air n’est pas emprisonné et comprimé pour lancer des télégrammes, mais libre pour pousser des nuages, là où « les jeunes filles dansent non sous la lumière du gaz, mais sous la lumière du jour, et non pour de