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cités et des foules que nous traversons, — ce guide esthétique est devenu, comme le prêtre, un pourvoyeur d’infini.... Il nous dispense la vie des âges morts et des peuples inconnus. Ses paroles nous versent la vie : elles sont la vie même que nous vivons et surtout elles sont celle que nous voudrions vivre. Elles sont analytiques comme notre vie scientifique ; elles sont suggestives comme notre vie cosmopolite ; elles sont inquiètes comme notre vie sociale. Elles ont de la vie la mobilité, ayant touché à tous les sujets, nous ayant poussés vers toutes les rives. Elles en ont les contradictions, ayant reflété toutes les impressions et tous les systèmes. Elles en ont la souplesse, ayant mêlé l’enthousiasme à l’ironie et l’humour à l’amour. Et si elles gardent çà et là quelque mystère, c’est que la vie, dans ses complexités et ses diversités innombrables, est aussi mystérieuse peut-être que la mort....