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ornées comme des femmes professant la pitié, avec les pierres précieuses des bonnes œuvres, — et en habillant vos sœurs pauvres comme vous-mêmes. Placez des roses aussi dans leurs cheveux ; placez des pierres précieuses aussi sur leurs poitrines, — veillez à ce qu’elles soient parées de votre pourpre et de votre écarlate, avec d’autres délices encore, à ce qu’elles aussi apprennent à lire l’héraldique dorée du ciel, à ce qu’elles connaissent de la terre non seulement les labeurs, mais les charmes. À elles aussi que les joyaux héréditaires rappellent l’orgueil de leur père, et de leur mère la beauté !

Parvenu à ces sommets de la charité, l’amour ne peut s’élever encore qu’en rencontrant le Christ. Qu’est-ce qui l’y mènera ? Une dissertation théologique, une biographie pieuse ? Non, ce qu’il y a de plus profane au monde : une aubade que l’esthéticien redira en souriant à la fin d’une conférence sur l’éducation des femmes, intitulée : Des jardins des reine, dans Sesame and Lilies. Car cette poésie que l’Évangile ne refuse à personne, pas même aux poètes et aux conteurs, qui, tout en répudiant son enseignement, font profiler leurs œuvres de son charme, Ruskin en imprégna toute sa passion esthétique. Et au moment où on la croit épuisée, à l’instant où il semble avoir fait dire aux figures des fresques et aux feuilles des arbres tout ce qu’elles disent d’humain, voici que, par un détour d’une infinie souplesse, en fredonnant une romance, il leur fait moduler des symphonies célestes. Et