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celles-là, se fondent si bien qu’on ne sait plus si ceci est une aquarelle, un chapitre d’histoire naturelle ou de la poésie lyrique :

L’abîme de l’air qui enveloppe la terre, entre en union avec la terre à sa surface et avec ses eaux, de telle sorte qu’il semble la cause de leur ascension dans les choses vivantes. D’abord, l’air les échauffe et aussi les ombrage, en maintenant la chaleur des rayons solaires dans son propre corps, mais en atténuant leur puissance avec ses nuages. 11 chauffe et rafraîchit à la fois, avec ses échanges de zéphyrs et de gelées, de telle façon que les blanches guirlandes des champs du paysan suisse sont fondues par le rayonnement des rochers de Libye.

Il donne à la mer sa propre force ; forme et remplit chaque cellule de son écume, soutient les précipices et dessine les vallées de ses vagues, leur donne l’éclat alors qu’elles se meuvent sous la nuit et le feu blanchâtre à leurs plaines sous le soleil qui se lève ; il porte leurs voix le long des rochers, porte au-dessus d’elle une écume d’oiseaux, dessine par elle les fossettes des sables qu’aucun pied n’a touchés.

Il en retire une partie dans le creux de sa main, teint avec cela les collines d’un bleu sombre et leurs glaciers d’un rose mourant, incruste de saphir, avec cela, le dôme dans lequel il a un nuage à placer ; forme de cela les troupeaux célestes, les divise, les dénombre, les caresse, les porte dans son sein, les appelle à leurs voyages, veille sur leur repos, nourrit d’eux les ruisseaux qui ne tarissent point et les rosées qui sont intermittentes.

Il brode et tisse leur toison en une tapisserie fantastique, la déchire et la recommencé, et voltige et flam-