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faire son chemin dans la vie, sans savoir ce qu’est la vie, qui comprend seulement qu’il fera bien d’obtenir plus de chevaux, plus de valets, plus de fortune, plus d’honneurs et non davantage d’âme personnelle. Celui-là seul progresse dans la vie, dont le cœur devient plus tendre, le sang plus chaud, le cerveau plus actif et dont l’esprit s’en va entrant dans la vivante Paix.

Tournons quelques pages : la sombre vision s’évanouit. De la psychologie de l’ambitieux nous avons passé à la psychologie de la femme selon le cœur de Ruskin, la femme intellectuelle et modeste à qui toute science doit être donnée « non pour la transformer en un dictionnaire », non « avec le but de savoir, mais avec celui de sentir et de juger », et voici que cette pénétrante analyse de l’éducation féminine s’achève, elle aussi, par un portrait tout plein de jeux d’ombre et de lumière, tel qu’en imaginent les Diaz :

Partout où va une vraie épouse, le home se transporte avec elle. Peu importe que, sur sa tête, il n’y ait que des étoiles et à ses pieds, pour tout foyer, dans le gazon refroidi de la nuit, que le ver luisant. Le home est partout où elle est, et si c’est une noble femme, il s’étend au loin autour d’elle, mieux que s’il était plafonné de cèdre ou peint de vermillon, répandant sa calme lumière sur ceux qui, autrement, seraient sans foyer. — Voilà donc, n’est-ce pas ? la vraie place et le vrai pouvoir de la femme, mais ne voyez-vous pas que, pour les remplir, elle doit être, autant qu’on peut dire cela d’une créature