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bons lettrés sentent encore aujourd’hui quand ils l’emploient. Si vous ne savez pas l’alphabet grec, apprenez-le, jeune ou vieux, fille ou garçon, qui que vous puissiez être[1] ; si vous avez l’intention de lire sérieusement (ce qui naturellement implique que vous ayez quelque loisir à votre disposition), apprenez votre alphabet grec, ayez ensuite de bons dictionnaires de toutes ces langues et si jamais vous avez des doutes sur un mot, allez à sa recherche avec une patience de chasseur. Lisez à fond les cours de Max Muller pour commencer ; et après cela ne laissez jamais échapper un mot qui vous semble suspect. C’est un travail sévère ; mais vous le trouverez, même au commencement, intéressant, et à la fin inépuisablement amusant. Et ce que votre esprit gagnera, en fin de compte, en force et en précision sera tout à fait incalculable. Notez que ceci n’implique pas la connaissance, ou seulement l’essai de connaître le grec, le latin ou le français. Il faut toute une vie pour apprendre à fond une langue. Mais vous pouvez facilement connaître les sens par lesquels un mot anglais a passé, et ceux qu’il doit encore avoir dans les ouvrages d’un bon écrivain.

20. Et maintenant simplement pour l’amour de l’exemple, je veux, avec votre permission, lire avec vous quelques lignes d’un vrai livre, soigneusement : et voir ce que nous pourrons en tirer. Je prendrai un livre connu de vous tous. Rien, en anglais, ne

  1. Cf. la Bible d’Amiens : « Sans but, dirons-nous aussi, lecteurs vieux et jeunes, de passage ou domiciliés. » (I, 5.) (Note du traducteur.)