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le sujet de la conférence a été annoncé : car en réalité je ne vais parler ni de rois, connus comme régnant, ni de trésors conçus comme contenant la richesse, mais d’un tout autre ordre de royauté et d’une autre sorte de richesses que celles ordinairement reconnues. J’avais même l’intention de vous demander de m’accorder votre attention, pendant quelque temps, de confiance, et (comme on le machine quelquefois quand on emmène un ami pour lui faire voir dans la nature un site favori) de cacher ce que je désirais le plus montrer avec l’imparfait degré d’artifice dont je suis capable jusqu’à ce que, au moment où vous vous y attendiez le moins, nous ayons atteint le meilleur point de vue par des sentiers détournés. Mais comme aussi j’ai entendu dire par des hommes exercés à parler en public, que les auditeurs ne sont jamais si fatigués que par l’effort qu’ils font pour suivre un orateur qui ne leur laisse pas entrevoir son but, j’enlèverai de suite le léger masque, et vous dirai franchement que je veux vous entretenir des trésors cachés dans les livres ; de la maniere dont nous les découvrons ou dont nous les laissons échapper. Un grand sujet, direz-vous, et vaste ! Oui ; si vaste que je n’essaierai pas d’en mesurer l’étendue ; j’essaierai seulement de vous présenter quelques réflexions sur la lecture qui s’emparent de moi chaque jour plus profondé-