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qu’il faudrait que le tempérament de la nation pût être amélioré avant d’être en état de les supporter. Un peuple pendant sa jeunesse peut très bien recevoir quelque secours des lois, ainsi qu’un enfant faible d’une gouttière, mais une fois vieux il ne peut plus par ce moyen remédier à la déviation de son épine dorsale. D’ailleurs la question foncière, si grave qu’elle soit devenue, n’est que secondaire ; distribuez la terre comme vous voudrez, la question principale reste entière : Qui la bêchera ? Qui de nous, en un mot, devra faire pour les autres Ia besogne rude et sale, et à quel prix ? Et qui devra faire la besogne agréable et facile et à quel prix ? Qui ne devra faire aucune besogne du tout et à quel prix ? Et d’étranges questions de morale et de religion se lient à celles-là. Dans quelle mesure est-il permis de sucer une partie de l’âme d’un grand nombre de personnes pour unir les quantités psychiques ainsi extraites et en faire une âme très belle ou idéale ? Si nous avions à faire à du sang au lieu d’âme (et la chose pourrait à la lettre se faire comme cela a déjà été essayé sur des enfants) de façon qu’il fût possible, en retirant une certaine quantité de sang des bras d’un nombre donné d’hommes du peuple, et en l’introduisant tout en une seule personne, de faire un gentilhomme au sang plus azuré ; la chose se pratiquerait certainement, mais en cachette, je crois. Mais aujourd’hui, parce que c’est du cerveau et de l’âme que nous enlevons, et non du sang visible, nous pouvons nous livrer à cette opération tout à fait ouvertement, et nous nous nourrissons, nous les gentilshom-