Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

référer au passage dont vous avez besoin comme un soldat peut prendre l’arme qu’il lui faut dans son arsenal ou comme une maîtresse de maison sort de sa réserve l’épice dont elle a besoin. Le pain de farine est bon, mais il y a du pain doux comme du miel, si vous vouliez y goûter, dans un bon livre ; il faut que la famille soit en réalité bien pauvre qui ne peut, une fois dans sa vie, payer pour des pains si multipliables[1] la note de leur boulanger[2]. Nous nous appelons une nation riche et nous sommes assez sordides et insensée pour feuilleter les uns après les autres un même livre sale de cabinet de lecture !

33. Je dis que nous avons méprise la science. « Quoi ! » vous écriez-vous, « ne marchons-nous pas en avant dans toutes les découvertes[3] ; est-ce que le monde entier n’est pas étourdi par l’ingéniosité ou la folie de nos inventions ? » Oui, mais croyez-Vous que ce soit là une œuvre nationale ?

  1. Allusion à la multiplication des pains grâce à laquelle Jésus rassasia cinq mille hommes avec cinq pains. St Jean, vi. (Note du traducteur.)
  2.  « Le pain que je vous propose
    « Sert aux anges d’aliment
    « Dieu lui-même le compose
    « De la fleur de son froment.
    « C’est ce pain si délectable
    « Que ne mange pas à sa table
    « Le monde que vous suivez.
    « Je l’offre à qui veut me suivre.
    « Approchez. Voulez-vous vivre ?
    « Prenez, mangez, et vivez ! »

    (Racine, cantique IV)
    (Note du traducteur.)
  3. Depuis que ceci a été écrit, la réponse a été faite, topique : Non. Nous avons abandonné le champ des découvertes Arctiques aux nations continentales comme étant nous-mêmes trop pauvres pour payer des vaisseaux. (Note de l’auteur.)