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interprétations

Croyez ce qu’elle vous enseigne, ou ne le croyez pas, lecteur, comme vous le voudrez : comprenez seulement combien cela a été un jour entièrement cru ; et que toutes les belles choses ont été faites, et toutes les nobles actions[1] accomplies, quand cette foi était encore dans sa force, avant que vînt ce que nous pouvons appeler « le temps présent », où la question de savoir si la religion a quelque effet sur la moralité est gravement agitée par des gens qui n’ont essentiellement aucune idée de ce que peuvent signifier l’un ou l’autre de ces mots.

Relativement auquel débat peut-être aurez-vous la patience de lire ce qui suit, tandis que la flèche d’Amiens s’efface dans le lointain et que votre wagon se précipite vers l’Île-de-France qui exhibe aujourd’hui les échantillons les plus admirés de l’art, de l’intelligence et de la vie européenne.

59. Toutes les créatures humaines, dans tous les temps et tous les lieux du monde, qui ont des affections ardentes, le sens commun, et l’empire sur elles-mêmes, ont été et sont naturellement morales. La nature humaine dans sa plénitude est nécessairement morale — sans amour elle est inhumaine — sans raison[2], inhumaine — sans discipline, inhumaine. Dans la proportion exacte où les hommes sont nés capables de ces choses, où on leur a appris à aimer, à penser, à supporter la souffrance, ils sont nobles, vivent heureux,

  1. Toutes les courageuses actions, Ruskin ne pense pas que la guerre soit moins nécessaire aux arts que la foi. Voir dans The Crown of wild olive la troisième conférence sur The War. — (Note du Traducteur.)
  2. Je ne veux pas dire Aesthésis — mais noũs ; s’il faut que vous parliez en argot grec. — (Note de l’Auteur.)