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la bible d’amiens.

rien de la puissance de Durham ; elle ne possède ni les incrustations dédaliennes de Florence, ni l’éclat de fantaisie symbolique de Vérone. Et pourtant dans l’ensemble et plus que celles-ci, dépassée par elles en éclat et en puissance, la cathédrale d’Amiens mérite le nom qui lui est donné par M. Viollet-le-Duc, « le Parthénon de l’architecture gothique[1] ».

Gothique, vous entendez ; gothique dégagé de toute tradition romane[2] et de toute influence arabe ; gothique pur, exemplaire, insurpassable et incritiquable, ses principes propres de construction étant une fois compris et admis.

2. Il n’y a pas aujourd’hui de voyageur instruit qui n’ait quelque notion du sens de ce qu’on appelle communément et justement « pureté de style » dans les formes d’art qu’ont pratiquées les nations civilisées, et il n’y en a qu’un petit nombre qui soient ignorants des intentions distinctives et du caractère propre du gothique. Le but d’un bon architecte gothique était d’élever, avec la pierre extraite du lieu où il avait à bâtir, un édifice aussi haut et aussi spacieux que possible, donnant à l’œil l’impression de la solidité que le raisonnement et le calcul garantissaient, tout cela

  1. Plus exactement : de l’architecture française, du moins à l’endroit cité : Dictionnaire de l’architecture, vol. I, p. 71. Mais à l’article Cathédrale, elle est appelée (vol. II, p. 336) l’église ogivale par excellence. — (Note de l’Auteur.)

    Ruskin fait ici une confusion. Au volume I (p. 71), Viollet-le-Duc appelle Parthénon de l’architecture française, non pas la cathédrale d’Amiens, mais le chœur de Beauvais. — (Note du Traducteur.)

  2. Voir le développement de ces idées dans Miscelleanous de Walter Pater (article sur « Notre-Dame d’Amiens »). Je ne sais pourquoi le nom de Ruskin n’y est pas cité une fois. — (Note du Traducteur.)