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« Savez-vous qui m’a ainsi vêtu ? Mon serviteur Martin, quoique non baptisé encore, a fait cela. » Et Martin, après cette vision, s’empressa de recevoir le baptême, étant alors dans sa vingt-deuxième année[1]. Que ces choses se soient jamais passées ainsi, ou jusqu’à quel point elles se sont passées ainsi, lecteur crédule ou incrédule, n’est ni votre affaire, ni la mienne. Mais de ces choses, ce qui est et sera éternellement ainsi — notamment la vérité infaillible de la leçon ici enseignée, et les conséquences actuelles de la vie de saint Martin sur l’esprit de la chrétienté — est, très absolument, l’affaire de tout être raisonnable dans un royaume chrétien quelconque.

24. Vous devez d’abord comprendre avant tout que le caractère propre de saint Martin est une charité sereine et douce envers toutes les créatures. Il n’est pas un saint qui prêche — encore moins qui persécute, pas même un saint inquiet. De ses prières, nous entendons peu, — de ses vœux, rien. Ce qu’il fait toujours, c’est seulement la chose juste au moment juste ; la rectitude et la bonté ne faisant qu’un dans son âme : un saint extrêmement exemplaire, à mon avis.

Converti, baptisé, et conscient d’avoir vu le Christ, il ne tourmente pas ses officiers pour cela, ne cherche pas à faire de prosélytes dans sa cohorte. « C’est l’affaire du Christ, assurément ! — S’il a besoin d’eux, il peut leur apparaître comme il m’est apparu » paraît être son sentiment dans les jours qui suivent son baptême. Il reste soixante-dix ans dans l’armée, toujours aussi calme. Au bout de ce temps, pensant qu’il pour-

  1. MM. Jameson, Art légendaire, vol. II, p. 721. — (Note de l’Auteur.)