Page:Ruinart - Les véritables actes des martyrs, tome 1, 1818.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
LE MARTYRE

lut bien tenter la voie de la douceur, avant que de prendre celle des tourmens. Vous voilà, lui dit-il, encore le maître de votre destinée, profitez du délai qu’on vous donne, et de l’exemple de ceux qu’un fol entêtement a fait périr. Grâces aux dieux immortels, nous avons fait une si bonne guerre aux sectateurs du Christ, que vous êtes presque le seul qui soit resté de ces misérables : car enfin apprenez que le compagnon de votre impiété ne vit plus : cessez donc de vous promettre l’impunité, si vous persévérez dans votre crime ; ayez pitié de vous-même, et venez remercier les dieux d’une vie qu’ils ont la bonté de vous conserver.

C’est à mon Dieu que je dois toute ma reconnoissance, répondit Alexandre, que son nom adorable soit béni à jamais. Vous croyez m’épouvanter par le souvenir que vous rappelez dans ma mémoire des tourmens que tant de Martyrs ont endurés ; mais sachez que vous ne faites qu’enflammer davantage l’ardeur que j’ai de les suivre, en retraçant à mes yeux leurs triomphes. Pensez-vous avoir fait périr ces âmes bienheureuses que vous avez chassé de leurs corps à force de supplices ? Désabusez-vous, elles sont dans le Ciel, où elles règnent : mais le croirez-vous, ce sont les persécuteurs eux-mêmes qui ont péri en cette rencontre. Que j’ai pitié de l’erreur où je vous vois ; ce nom sacré que vous vous imaginez pouvoir éteindre dans les flots de sang que