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LE MARTYRE

mais pour le Roi du ciel, et pour un prince dont la puissance est infinie, et la durée éternelle. Si on les a vu courir au trépas, ce n’est pas en faveur d’une patrie où l’on reçoit une vie qu’on perd aussitôt, mais pour la patrie céleste, pour la véritable patrie, dont les Saints sont les fondateurs, et dont les habitans sont immortels ; où l’on jouit d’une liberté que l’enfer avec toute sa violence ne peut jamais ravir, où l’on est comblé d’une gloire toute divine. Mais quoiqu’on ne puisse avoir qu’une idée grossière de celle dont Dieu récompense les travaux des Martyrs, parce qu’il n’est pas moins impossible de la comprendre que de la mériter, il n’est rien toutefois qui soit plus digne de passer jusqu’aux siècles à venir, que les combats et les triomphes des Saints ; rien qui soit plus propre à faire naître dans le cœur des fidèles une noble ardeur qui les porte à embrasser une vie pure, et qui soit une imitation du martyre par une continuelle mortification des passions et des sens. C’est dans ce dessein que nous avons entrepris de rapporter la glorieuse victoire que les bienheureux Epipode et Alexandre ont obtenue sous les auspices de J. C. et par le secours de sa grâce, afin que leur exemple augmente, fortifie et anime la foi des chrétiens.

Il y avoit dix-sept ans que Lucius-Verus et Marc-Aurèle étoient assis sur le trône des Césars, lorsque la fureur des Gentils se répandit comme un torrent impétueux dans toutes les