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plus éloignées de ces mêmes tribus en aient connaissance ou y prennent part : souvent elles s’apaisent au bout d’un temps fort court.

L’autre espèce de guerre est de telle nature que chaque individu de la tribu considère chacun de ceux de l’autre tribu comme son ennemi né, comme la proie qui lui est destinée. Sans autre cause, il le poursuit et le tue partout où il le trouve. C’est là ce qui arrive entre les Patachos et les Botocudos. Les membres d’une même horde ou de plusieurs se réunissent pour les grandes entreprises : toutefois on voit plus rarement s’assembler ceux de plusieurs hordes. Le signal de la réunion est donné au son d’une corne de bœuf ou d’un autre instrument semblable, soit lorsqu’il est question de repousser une attaque dont on est menacé, soit lorsqu’il faut marcher pour aller soi-même à la recherche de l’ennemi.

Des deux côtés l’attaque se fait avec des cris terribles, ou plutôt avec des hurlemens. Tout leur art militaire consiste à se mettre autant qu’on le peut à l’abri des traits des ennemis derrière des arbres ou des rochers, et à lancer sur eux ses propres flèches avec le plus grand succès possible. Rarement on en vient aux mains ; les sauvages n’ont pour ce genre de combat d’autres armes que leurs pieds, leurs mains et leurs dents, dont ils se servent dans l’occasion chacun selon ses forces individuelles. Quand l’un des partis a perdu quelques hommes, il cherche son salut dans la fuite. Il paraît que l’on fait rarement des prisonniers, et dans le cas même où les Indiens parviennent à surprendre les cabanes de leurs ennemis, tout est massacré sans distinction d’âge ni de sexe. Quoique plusieurs voyageurs l’aient nié, il est hors de doute que les Indiens mangent parfois la chair de leurs ennemis : cet usage, cependant, n’est pas commun à toutes les tribus, et même chez celles qui le pratiquent, par exemple chez les Botocudos, les faits sont trop rares pour qu’on puisse leur donner le titre d’anthropophages dans l’acception ordinaire de ce mot : ils ne regardent pas la chair de leurs ennemis comme un aliment ; c’est par haine et dans l’ivresse de la victoire qu’ils les dévorent. Ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, les Brésiliens prennent quelquefois les membres de leurs ennemis pour but lorsqu’ils s’excercent au tir. Il y a dans la collection de Blumenbach à Gœttingen un crâne de ce pays, qui est bizarrement orné de plumes ; mais nous ne connaissons dans les usages des Indiens rien qui puisse expliquer cette parure.

On voit bien, d’après tout ce qui a été dit jusqu’à présent, qu’il n’y a absolument aucun traité pour fixer les rapports des tribus d’indiens sauvages avec les Portugais, ou maintenant avec le gouvernement du Brésil. Tant qu’aucun de ces peuples n’aura