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quittent la place que fort lentement. Quand ils ont fait de la sorte un court trajet, ils courent avec précipitation se remettre à l’endroit d’où ils sont partis et recommencent la même marche. En même temps ils exécutent avec la partie supérieure du corps, avec les hanches et avec leurs mains, qu’ils joignent en les tenant devant la partie inférieure du corps, des mouvemens uniformes de l’un à l’autre côté. Ils accompagnent ce genre de danse, si toutefois on peut l’appeler de la sorte, d’un chant monotone qui tient du hurlement ; car ils répètent sans cesse quelques mots et quelques exclamations. Le sens de ces paroles varie selon les diverses causes de la fête. Ainsi les Pasuris, après un combat contre les Botocudos, en célébrèrent une, pendant laquelle ils répétaient sans cesse : Ho, ho, Bugre ita najy ! ce qui veut dire : Ho, ho, le Botocudo a été renversé ! De pareilles fêtes, surtout lorsqu’elles sont célébrées la nuit, ce qui arrive presque toujours, font sur l’Européen une impression qui n’est rien moins qu’agréable, et la manière dont ces hommes expriment leur joie a quelque chose qui fait horreur. Plus ils sont échauffés par l’usage du chica, plus leurs hurlemens deviennent confus et sonores, plus aussi la danse et les mouvemens du corps s’animent et s’accélèrent. Quand une de ces fêtes précède une entreprise guerrière, les chefs en profitent souvent pour exciter l’ardeur de leurs compagnons par des allocutions conformes à la circonstance. La maraca joue un grand rôle dans ces fêtes ; c’est une gourde vidée, qu’on a soin de remplir de cailloux, afin de battre la mesure en l’agitant comme une crécelle. Les sauvages du Brésil ont aussi une sorte de flûte à l’usage des femmes. Parfois les enfans et les jeunes gens s’amusent à l’exercice du tir : le plus souvent on prend pour but le bras ou la tête d’un ennemi renversé, que l’on élève au bout d’une perche. Le jeu appelé Tumarim, est plus paisible : on lance de la main de longues flèches contre une autre flèche fichée en terre.

Une solennité d’une autre espèce consiste dans les duels à coups de perche, qui sont usités chez les Botocudos sous le nom de Giacacica ; ils ont ordinairement pour cause des querelles de chasse entre les diverses hordes d’une même tribu, chacune se réservant une certaine étendue de territoire pour y chasser. Les duels ont lieu aussi par suite de contestations entre les membres d’une même horde, ou bien pour des différends qui s’élèvent entre le mari et la femme, dont les parens prennent le parti. Au surplus, ce que quelques voyageurs rapportent d’un roi des Botocudos et des grandes fêtes qui accompagnent l’opération des lèvres pour les jeunes garçons, n’est absolument qu’un conte ridicule.

En général, les maladies sont rares parmi les tribus sauvages des Indiens : les bles-