Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 1, trad Golbéry, 1827.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 5 )

Nous manquons encore d’observations suivies pour déterminer l’état géologique des montagnes du Brésil ; mais on s’accorde à y reconnaître les formations primitives, et principalement le granite, qui néanmoins se transforme en schistes micacés ou en gneiss, au moyen de l’adjonction plus ou moins considérable de mica. Cela paraît être arrivé plus particulièrement dans l’intérieur du pays, tandis que vers la côte, à Rio-Janeiro par exemple, le granite domine. La terre proprement dite, celle qui recouvre le roc, est une argile rouge ; mais sur la côte, et surtout sur celle du nord, à l’embouchure des Amazones, du Parahiba, du San-Francisco, il s’est formé des dépôts considérables de sable et de terreau.

Sur la côte, et dans les parties basses qui avoisinent les fleuves, le climat est en général humide et chaud ; dans les montagnes, au contraire, et dans l’intérieur, il est sec et frais. Le thermomètre donnait pour terme moyen dans les plaines 26° 30′ ; dans les régions ordinaires, 13° 20′ de Réaumur. La saison des pluies commence en Octobre et finit en Mars.

Ce que nous avons dit suffit pour rendre compte des différences que présente l’aspect des côtes, des rivages de fleuves, des montagnes et des collines ; mais selon que le voyageur pénètre dans le pays, en venant de la côte du nord ou de celle de l’est, la disposition de ces tableaux change. S’il vient de l’est, il aperçoit dans le lointain les formes hardies des montagnes granitiques, qui tantôt s’éloignent, tantôt s’approchent de la mer, et qui, à Rio-Janeiro, s’étendent jusque dans ses ondes. Pour arriver d’ici à la région des collines supérieures, il faut que le voyageur gravisse plusieurs chaînes de rochers avant d’atteindre aux montagnes escarpées que nous avons appelées Alpes avancées des Andes. Il n’est pas besoin alors qu’il redescende beaucoup pour se trouver dans la région intérieure des collines. Il en est tout autrement quand on vient de la côte du nord, ou plutôt de toute l’étendue de côtes comprises entre le Rio-de-San-Francisco et les Amazones. Le littoral y est ou plat, marécageux et sablonneux, ou garni de simples collines ; et l’on peut parcourir les immenses régions des Amazones, de Parahiba et même de San-Francisco, sans franchir de montagnes remarquables ; on passe d’une série de collines à l’autre, jusqu’à la naissance des fleuves, jusqu’aux cimes peu élevées de la chaîne intérieure, dont la hauteur au-dessus de la mer est cependant égale à celle des plus grandes montagnes de la côte orientale, où elles vont aboutir. Cette transition progressive depuis la côte aux points les plus élevés du pays, communique la même gradation aux variations du climat et de la végétation, tandis que ces variations pour le voyageur qui arriverait par exemple de Rio-Janeiro, seraient à la fois