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plomb doré. Ce reposoir, ouvrage de Vanbrugh, est environné d’arbres verds, & d’arbres qui quittent leurs feuilles. Ceux qui bordent les allées sont plus considérables.

À l’extrémité de ce bosquet est le temple de Bacchus 13, qui consiste en un immense tapis verd, terminé par un grand lac, au-delà duquel est le temple de Vénus & un lointain. Le temple de Bacchus est d’ordre dorique ; on y monte par trois marches ornées de sphinx. Les peintures, qui sont de Nollikins, représentent le réveil de Bacchus & des Bacchantes. Aux deux côtés du temple sont deux statues, l’une de la poésie lyrique, & l’autre de la poésie satyrique.

En quittant ce temple & son beau point de vue, si vous vous enfoncez dans le bois, à droite, vous arrivez dans une cabane des plus rustiques, appelée l’hermitage de S. Augustin 14 ; elle est faite de racines & de troncs d’arbres en leur état naturel, entrelacés avec beaucoup d’art, & surmontée de deux croix. L’intérieur représente parfaitement une cellule des pères de la Thébaïde ; ce sont des planches couvertes de foin & de sarment, des racines saillantes sans ordre & chargées de mousse, des bancs aux encoignures, & des fenêtres à trappe sur lesquelles on lit des inscriptions, peu décentes en vers Léoniens, dans le goût des siècles barbares : cet ermitage est dans un lieu fort obscur, & tout-à-fait caché par des bois.

En suivant le sentier, on arrive à une statue qui représente une Dryade dansante 15. Là étoit autrefois l’obélisque de Coucher, mais ce nom, ainsi que ceux de quelques autres amis de feu lord Cobham, ont disparu des jardins. Si vous continuez la longue terrasse, appellée la promenade de Nelson, & qui est bordée à gauche par un joli bosquet peu profond, elle vous conduit à deux pavillons 16, qui terminent cet angle des jardins. Ils sont d’ordre dorique & à voûte unie ; le dôme extérieur est orné de quatre bustes, & surmonté d’une petite rotonde ouverte à huit colonnes ; l’un de ces deux pavillons est hors du parc, & sert de ferme. Au milieu de l’intervalle est une belle grille de fer 17, du dessein de Kent, laquelle donne passage dans les immenses pelouses & les bois qui composent le parc. À peu de distance des pavillons, hors des jardins & sur la même rivière qui vient de les arroser, on voit un fort beau pont.

Dans le coin de la terrasse & au travers des arbres, on entrevoit une piramide 18 fort noire. Les gens qui aiment ce qui leur retrace l’antiquité, verront toujours ce bâtiment avec plaisir ; il est d’une élégante simplicité, & construit précisément comme les pyramides d’Égypte. On y peut monter extérieurement jusqu’au sommet par les quatre faces, sur des marches de trois pouces de largeur & de quatorze pouces de hauteur ; il y a deux portes fort basses & d’un dorique très-massif ; l’intérieur est une voûte à six coupes ; la hauteur de cette pyramide est de soixante pieds : cette pyramide est consacrée à Vanbrugh, constructeur de ces jardins. Dans l’intérieur de la pyramide & sur un des côtés des murs, on lit des vers d’Horace, qui commencent par ces mots : lusisti satis &c., & sur l’autre : linquenda tellus, &c.

De la pyramide on découvre un beau tableau, la grande pelouse où