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neuf heures du soir, lorsque les jours sont bien longs, & qu’il n’y a point de serein. On les fait sortir du parc à neuf heures du matin, lorsque l’air & le soleil ont séché les herbes, ou à huit heures, lorsqu’il n’y a point eu de rosée.

Il faut changer de parc dans la nuit & dans la matinée, dans la saison où les moutons rendent beaucoup de fiente & d’urine, parce que les herbes qu’ils mangent ont beaucoup de suc : chaque parc ne doit durer qu’environ quatre heures. Ainsi le premier parc commence à neuf heures du soir, il doit finir à une heure du matin ; le second à cinq heures, & le troisième à neuf heures. Ce dernier parc se faisant de jour, les loups ne sont point tant à craindre. C’est pourquoi le berger peut se dispenser de l’enclore de claies, il suffit de placer les chiens de manière qu’ils retiennent les moutons dans l’espace destiné au troisième parc ; c’est ce qui s’appelle parquer en blanc. Lorsque les nuits sont longues, & que le premier parc commence avant neuf heures du soir, on fait durer d’autant plus long-tems chacun des parcs. Dans les saisons où les herbes ont moins de suc, & où les bêtes à laine rendent moins de fiente & d’urine, le berger ne change le parc qu’une fois : il tâche de donner à-peu-près autant de tems pour le premier que pour le second. Si l’on parquoit en hiver, on pourroit ne faire qu’un parc chaque jour, parce que dans cette saison les bêtes à laine rendent peu de fiente & d’urine, & que le froid ne permet pas au berger de changer son parc dans la nuit.

§. VI. Si l’on peut faire parquer les moutons dans l’hiver. Du moindre nombre de bêtes à laine que l’on peut faire parquer. Effets de l’engrais de parcage.

On peut faire parquer pendant l’hiver sur les terreins secs, tant que le berger n’est pas incommodé du froid en couchant dans sa cabane : mais en hiver, lorsque les moutons n’ont que des fourrages secs, ils ne rendent que peu d’urine & de fiente, qui sont peut-être mieux employés à engraisser des fumiers sous eux, qu’au parcage.

Lorsqu’on n’a qu’un très-petit nombre de bêtes à laine à faire parquer, il n’y a que la dépense du berger qui puisse en empêcher ; le produit du troupeau n’y suffiroit pas. Mais on peut rassembler plusieurs petits troupeaux pour les faire parquer tous ensemble sous la conduite d’un seul berger. Il y a des cultivateurs qui prennent à louage, pour un certain tems, plusieurs troupeaux peu nombreux, & qui les réunissent pour les faire parquer sur leurs terres. D’autres n’ayant qu’un petit troupeau, les mettent tous ensemble, & les font parquer à frais communs, sur les terres qui leur appartiennent à chacun en particulier. Si l’on ne faisoit parquer qu’un très-petit nombre de moutons, il faudroit beaucoup de tems pour fertiliser un champ. Il faut avoir au moins cinquante ou soixante bêtes pour faire un parc ; encore est-ce lorsque le berger, étant un enfant de la maison, ne coûte rien de plus pour le parcage. Cinquante bêtes à