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gauche de derrière de l’agneau, & qui l’empoigne avec la main gauche à l’endroit du canon, c’est-à-dire au-dessus des ergots, pour la tenir en place. Un second aide, placé à la droite de l’opérateur, rassemble les deux jambes de devant de l’agneau, avec la jambe droite de derrière, & les contient en les empoignant toutes les trois de la main droite, à l’endroit des canons. (Voyez la planche VIII de l’ouvrage de M. Daubenton, déja cité, fig. 1, page 231). L’agneau étant ainsi disposé, l’opérateur soulève la peau du flanc gauche avec les deux premiers doigts de la main gauche, pour former un pli à égale distance de la partie la plus haute de l’os de la hanche & du nombril. L’aide du côté gauche, alonge ce pli aussi avec la main gauche jusqu’à l’endroit des fausses côtes. Alors l’opérateur coupe le pli avec un couteau, de manière que l’incision n’ait qu’un pouce & demi de longueur, & suive une ligne qui iroit depuis la partie la plus haute de l’os de la hanche jusqu’au nombril. L’ouverture étant faite, en coupant peu-à-peu toute l’épaisseur de la chair, jusqu’à l’endroit des boyaux, sans les toucher, l’opérateur introduit le doigt index, c’est-à-dire, celui qui est près du pouce, dans le ventre de l’agneau, pour chercher l’ovaire gauche ; lorsqu’il l’a senti, il l’attire doucement au-dehors. Les deux ligamens larges, la matrice & l’autre ovaire sortent en même temps. L’opérateur enlève les deux ovaires, & fait rentrer les ligamens & la matrice ; ensuite il fait trois points de couture à l’endroit de l’ouverture pour la fermer ; il ne passe l’aiguille que dans la peau, il a soin qu’elle n’entre pas dans la chair ; il laisse passer au-dehors les deux bouts du fil, & il met un peu de graisse sur la plaie. Au bouc de dix ou de douze jours, lorsque la peau est cicatrisée, on coupe le fil au point de couture du milieu, & on tire les deux bouts qui passent au-dehors, pour enlever le fil, afin d’empêcher qu’il ne cause une suppuration. Lorsque cette opération est bien faite, les agneaux ne s’en ressentent que le premier jour ; ils ont les jambes un peu roides ; ils ne tettent pas ; mais dès le second jour, ils sont comme à l’ordinaire.

CHAPITRE IV.

De l’Engrais des Moutons.

§. I. Du terrein qui convient le mieux aux moutons pour l’engrais.

En général, les terreins secs & élevés conviennent mieux aux bêtes à laine que les terreins bas & humides, principalement aux béliers, & aux moutons de garde, c’est-à dire, aux moutons que l’on ne veut pas engraisser ; mais l’humidité des pâturages contribue à engraisser les moutons & les brebis destinés à la boucherie, ainsi que les béliers tournés.

Des moutons de trois & de quatre ans ne profitent que dans les terreins où il y a beaucoup d’herbages ; mais les moutons d’un an & de deux ans peuvent profiter dans des terreins où les pâturages sont moins fournis.

§. II. Manière d’engraisser les moutons. Des meilleurs herbages.

Il y a trois manières d’engraisser les moutons. L’une est de les faire