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depuis les oreilles jusqu’à la naissance de la queue ; mais cette mesure est sujette à varier dans les différentes situations de la tête de l’animal. On peut juger de l’une de ces mesures par l’autre ; car la hauteur d’une bête à laine a un tiers de moins que sa longueur. Par exemple, un mouton qui est long de trois pieds, n’a que deux pieds de hauteur.

§. III. Des différences des laines, manière de les connoître.

Les laines sont blanches, ou de mauvaise couleur, courtes ou longues, fines ou grosses, douces ou rudes, fortes ou foibles, nerveuses ou molles.

Il n’y a que les laines blanches qui reçoivent des couleurs vives par la teinture. Les laines jaunes, rousses, brunes, noirâtres ou noires ne sont employées dans les manufactures qu’à des ouvrages grossiers, ou pour les vêtemens des gens de la campagne, lorsqu’elles sont de mauvaise qualité ; mais celles qui sont fines servent pour des étoffes qui restent avec leur couleur naturelle, sans passer à la teinture.

Les mèches de la laine sont composées de plusieurs filamens, qui se touchent les uns les autres par leurs extrémités. Chaque mèche forme dans la toison un flocon de laine séparé des autres par le bout. Les laines les plus courtes n’ont qu’un pouce de longueur, les plus longues ont jusqu’à quatorze pouces & davantage : Il y en a de toutes longueurs, depuis un pouce jusqu’à quatorze, & même jusqu’à vingt-deux pouces.

Il y a des filamens très-fins dans toutes les laines, même dans les plus grosses ; mais quelle que soit la finesse ou la grosseur d’une laine, ses filamens les plus gros se trouvent au bout des mèches. En examinant ces filamens dans un grand nombre de races de moutons, on a distingue différentes sortes de laines ; savoir, des laines superfines, laines fines, laines moyennes, laines grosses, laines supergrosses.

Pour reconnoître ces différentes sortes de laines, il faut avoir des échantillons de chaque sorte pour leur comparer la laine dont on veut connoître la finesse ou la grosseur. Voyez la planche XX de l’instruction pour les bergers & pour les propriétaires de troupeaux, par M. Daubenton. Pour faire cet examen, on prendra une mêche sur le garot du mouton, où se trouve toujours la plus belle laine de la toison. Ensuite on séparera un peu les filamens de l’extrémité de cette mèche les uns des autres, pour les mieux voir ; on les mettra à côté des échantillons, sur une étoffe noire, pour les faire mieux paroître. Alors on verra facilement auquel des échantillons ils ressembleront le plus. Pour savoir, par exemple, si la laine d’un bélier est plus ou moins fine que celle des brebis avec lesquelles on veut le faire accoupler, il faut couper le bout d’une mèche sur le garot du bélier, & en placer les filamens sur une étoffe noire ; on mettra sur la même étoffe, des filamens pris au boût des mèches du garot de quelques brebis, & l’on reconnoîtra aisément si leur laine est plus ou moins fine que celle du bélier.

En touchant un flocon de laine, on sent aisément si elle est douce & moelleuse sous la main, ou rude & sèche, ou bien l’on étend une mêche