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le temps de faire des recherches réglées & soutenues. Il pourroit, dès qu’il s’aperçoit qu’un fruit est piqué, l’entourer d’un cannevas léger, & lier le bas contre la branche qui supporte le fruit : alors il sera bien sûr que nul autre insecte ne pourra en approcher, & il trouvera sous le cannevas celui que le ver aura produit. L’insecte une fois connu, il est plus facile alors de lui déclarer la guerre, & à force de soins multipliés, de l’éloigner, ou de le détruire.

La mouche menuisière, ainsi nommée, parce qu’avec sa tarrière elle perce l’écorce de l’arbre, dépose son œuf sur l’aubier, il y éclot, & devient un ver qui va toujours en montant vers le sommet de la branche, afin que par l’ouverture inférieure, puissent s’échapper les sciures du bois de l’arbre, ou de la branche qu’il a rongée. Cette sciure trahit l’insecte, en tombant sur la terre ; elle décèle son existence dans l’arbre, & en cherchant perpendiculairement sur la branche, dans l’endroit qui y correspond, on trouve l’entrée de sa retraite. Alors on prend un fil de fer que l’on a fait rougir, afin de le rendre plus souple, plus disposé à suivre les courbures de la galerie ; on l’enfonce jusqu’à ce qu’il rencontre le ver, & on connoît qu’il l’a blessé quand on voit son extrémité mouillée & gluante. Quelquefois ces galeries ont jusqu’à deux pieds de longueur ; d’où l’on doit conclure le dégât qu’il occasionne à la branche. Un second moyen, moins difficile que le premier, est de boucher à une certaine profondeur, & avec de l’argille, l’entrée de sa galerie. On l’y enfonce, & on la presse avec force, afin qu’elle devienne un corps solide. Elle intercepte dans la suite le courant d’air nécessaire à l’animal pour vivre, & elle retient les sciures qui ne peuvent plus sortir. La mouche menuisière est beaucoup plus grosse qu’une abeille ; sa couleur est d’un bleu foncé, & elle bourdonne beaucoup en volant. Elle se jette indifféremment sur toutes espèce d’arbres, & elle dépose son œuf toujours dans le dessous de la branche. Ne produit-t-elle qu’un seul œuf ? Je l’ignore ; mais il est certain que dans chaque galerie on n’en trouve qu’un seul.

Une autre mouche, dont je ne connois pas l’espèce, travaille de la même manière que la mouche menuisière : elle doit être beaucoup plus petite, puisque sa galerie l’est aussi, & ses sciures sont plus petites & à grains plus fins. Ses ravages sont les mêmes. Plusieurs abeilles sont encore appelées menuisières, charpentières, parce qu’elles déposent leurs œufs dans les vieux bois. Il seroit trop long de parler de toutes les espèces de mouches, & de traiter cet article en naturaliste. Si on désire de plus grands détails, on peut consulter le traité des insectes, de M. Geoffroy, il compte quatre-vingt-huit espèces de mouches.

On a conseillé, pour éloigner les mouches des jardins, de jeter çà & là des branches de sureau sur celles de l’arbre fruitier que l’on veut garantir, à cause de son odeur forte qui les éloigne. Mais on n’a donc pas observé que pendant que le sureau est en fleur, il est lui-même couvert de mouches ? Je veux bien qu’elles ne soient pas de la même espèce. Si celles-ci piquent ses baies, pourquoi ne piqueroient-elles