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leur donner, & un seul offre quelquefois une tapisserie de plus de soixante-dix pieds de long. La quantité prodigieuse de fruits dont ces arbres se chargent, paye abondamment la peine & les dépenses qu’on a faites. Ces sortes de jardins ne sont bien placés que dans le voisinage d’une grande ville, d’une capitale, où les gens riches achettent à grand prix les primeurs ou les fruits très-beaux : c’est ainsi que le luxe & les vices des villes tournent à l’avantage des campagnes.

Depuis cent quatre-vingts ans environ, le village de Montreuil jouit du précieux avantage de fournir la capitale des plus beaux & des meilleurs fruits. On voit dans ce village des pêchers plantés à la fin du dernier siècle, & qui sont encore d’une grande beauté ; c’est-là qu’on trouve des jardiniers formés par l’expérience, & qui ont forcé la nature à leur révéler son secret ; c’est-là qu’on trouve les plus excellens physiciens en ce genre, sans s’en douter ; en un mot, les vrais & les seuls maîtres de l’art dignes de ce nom. Cependant la science n’est plus aujourd’hui uniquement circonscrite dans Montreuil ; Bagnolet & quelques villages voisins, ont établi une heureuse concurrence, & on doit espérer que l’art gagnera peu à peu de proche en proche, & qu’à la fin la méthode meurtrière de tailler les arbres, ne sera plus que le partage du jardinier qui ne voudra, ou qui ne saura pas voir. La réputation de ces villages a engagé plusieurs riches propriétaires à y envoyer des élèves. Si, avec des dispositions, ils ont resté sous un bon maître pendant deux ou trois ans, il est certain qu’ils doivent en revenir bien instruits. Les noms de Girardot, ancien mousquetaire, qui se retira à Bagnolet, & celui de Pepin à Montreuil, y seront immortels, & celui de M. l’abbé Royer de Schabol aura le même honneur, parce qu’il a perfectionné & réduit en principes la méthode de la taille & la conduite des arbres, établie par les deux premiers.


MORELLE GRIMPANTE, ou VIGNE DE JUDÉE, ou DOUCE-AMÈRE. (voyez planche XV, page 559) Tournefort la place dans la septième section de la seconde classe de herbes à fleur en rosette, dont le pistil devient un fruit mou & charnu, & il s’appelle solanum scandens, seu dulcamara ; Von Linné la nomme solanum dulcamara, & la classe dans la pentandrie monogynie.

Fleur H. D’une seule pièce, découpée en cinq segmens pointus, l’extrémité de ces divisions se roule ordinairement en dessus ; les étamines au nombre de cinq, environnent le pistil C, placé au centre de la corolle, & le tout est porté sur le calice D ; tube menu à sa base, évasé à son extrémité, terminé par cinq petites divisions.

Fruit. Le calice ne tombe point jusqu’à la maturité du fruit E ; c’est une baie ovoïde, charnue, pleine de suc, représentée coupée transversalement en F, pour faire voir l’arrangement des graines G ; elles sont blanchâtres & lisses.

Feuilles. Les supérieures oblongues & en fer de pique.

Racine A. Petite, fibreuse & s’étend profondément.

Port. Tige sarmenteuse, grimpante, longue de cinq à six pieds, grêle, fragile ; les fleurs naissent en