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Ce que nous avons dit du bled a lieu pour toutes les autres plantes. A. B.


MIGRAINE. Médecine Rurale. Douleur aiguë, qui occupe le côté droit ou le côté gauche de la tête, quelquefois le devant, le derrière & le sommet, & souvent dans un seul point. La migraine est toujours caractérisée par des douleurs vives, aiguës & lancinantes. Ceux qui en sont attaqués, ne peuvent pas quelquefois supporter la lumière du jour, & sont obligés de se renfermer dans l’obscurité. Ces douleurs ne se bornent pas toujours à l’endroit affecté, elles s’étendent quelquefois jusqu’aux oreilles, de telle sorte que le moindre air produit dans cet organe une sensation des plus vives & des plus douloureuses : les gencives se ressentent quelquefois aussi de leur impression.

Dans certains sujets, la migraine occupe une partie si petite, qu’il leur semble qu’on leur enfonce un clou. Le pouls, dans cet état, se ressent de l’irritation de la tête ; il est serré, tendu & piquant. La convulsion survient ; les soubresauts des tendons se font appercevoir, ainsi que les nausées & le vomissement. Il est aisé de distinguer la migraine du mal de tête général, appellé céphalée. Dans celui-ci la douleur est étendue, & il n’y a aucune partie de la tête qui en soit exempte ; dans la première, au contraire, la douleur est circonscrite & fixée à un seul côté.

La migraine est véritablement une maladie périodique. La moindre erreur dans le régime, le passage subit d’un endroit chaud en un lieu froid, la suppression de transpiration, donneront naissance à des retours périodiques.

Ceux qui menent une vie molle & oisive, les gros mangeurs, ceux qui ne font aucun exercice ; les femmes, & sur-tout celles qui sont stériles, sont en général très-sujettes à la migraine : leur organisation, la sensibilité de leurs nerfs prêtent beaucoup au développement de cette maladie.

Tout ce qui peut affecter la tête & les parties qui en dépendent, peut l’exciter. L’irritation des fibres du cerveau, & de ses membranes, leur inflammation, la contusion du péricrane, des coups portés à la tête, la lésion des parties molles & externes, une commotion quelconque, sont autant de causes idiopathiques de la migraine, mais elle en a de sympathiques, telles qu’une abondante saburre des premières voies, la présence des vers dans l’estomac, la suppression des mois, du flux hémorroïdal & des lochies, la répercussion de quelque éruption cutanée, & tout ce qui peut affecter la matrice & les parties qui en dépendent.

Elle est aussi occasionnée quelquefois par la plénitude générale des humeurs, & par des causes morales ; dans ce nombre on doit comprendre tout ce qui peut affecter trop vivement l’ame, & exciter certaines oscillations dans le système nerveux ; les vives passions, les grands chagrins, des désirs immodérés, mais rendus vains, une irritation extrême dans le système artériel.

Elle dépend très-souvent d’un exercice trop fort, d’un travail trop pénible, de l’abus des boissons spiritueuses.

D’après la différence des sympto-