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5°. Les provisions sont faites à propos. Dès que l’on suppose les propriétaires aisés, relativement à leurs possessions, le plus riche achètera par cent quintaux, si l’on veut, & le petit propriétaire, par cinquante : ce qui revient au même. L objection est donc nulle ; mais elle reste dans toute sa force si le propriétaire est au-dessous de sa métairie ; le détail le ruinera un peu plus vite, & il payera plus cher les objets de qualité médiocre.

6°. Si la saison presse, &c. Il importe peu qu’on ait beaucoup de valets & de bestiaux à mettre à la fois sur un champ, si on a un grand nombre de champs dont la culture presse. À richesse égale, mais proportionnée, les fermiers se procureront les mêmes ressources, & il en coûtera plus au grand tenancier, parce que son travail sera moins avancé que celui du petit.

7°. Un grand propriétaire trouve des journaliers. Je ne vois pas la raison pour laquelle ces hommes soient mieux payés & mieux nourris chez l’un que chez l’autre. On paye ces malheureux au plus bas prix possible, on épargne autant qu’on le peut sur leur nourriture. Sur cent propriétaires, on en trouvera trois ou quatre qui regardent les journaliers comme des hommes, & les traitent en conséquence, & sur le nombre des fermiers qui ne font valoir qu’une partie des domaines, à peine en trouveroit-on deux. Je sais tout ce que l’on peut dire en faveur de ces fermiers ; mais qu’on nomme ceux qui méritent d’être exceptés de la régle générale, & on verra combien de pareils exemples sont rares. Payez bien, nourrissez bien, & de toutes parts les ouvriers viendront travailler poux vous.

8°. Un propriétaire aisé, vend ses récoltes avec avantage.. Le malheureux qui vit du jour à la journée, qui est au-dessous de ses possessions, est forcé de vivre au moment qu’il récolte : ce n’est pas la faute de la métairie. Mais supposez-y un propriétaire aisé proportionnellement à ses possessions, il aura, dans son genre, le même avantage que le grand tenancier aisé.

Les lieux, les circonstances doivent faire beaucoup d’exceptions à ces généralités. Cependant, je sais fort bien que si ma métairie étoit du double plus étendue qu’elle ne l’est actuellement, je ne balancerois pas à la partager en deux.


MÉTEIL. Froment & seigle mêles & semés ensemble, en plus ou moins grande quantité de l’un ou de l’autre, suivant la volonté du cultivateur. Lorsque l’on seme moitié l’un & moitié l’autre, c’est ordinairement pour la nourriture des valets.

Il n’est pas aisé de deviner sur quel motif cette méthode est fondée : certainement elle n’est pas dictée & approuvée par la raison. L’expérience de tous les temps & de tous les lieux prouve que le seigle semé dans le même champ & en même temps que le froment, enfin, toute circonstance égale, est au moins huit à quinze jours plutôt mûr que celui-ci. Il est donc clair, qu’en moissonnant tout ensemble, la majeure partie du seigle s’égraine sur le sol ou dans le transport. Si on moissonne le froment un peu avant sa maturité, on le sacrifie donc au seigle, & on prévient seulement en partie la perte de celui-ci.

On a sans doute dit, en semant l’un &