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Les maturatifs sont simples, ou composés. Dans la classe des simples, on doit compter la farine de fèves, de lin, d’orge ; les semences de moutarde, de staphisaigre, la mie de pain bouilli, la poix de Bourgogne, le miel, le lait, le beurre, & tous les corps gras.

Dans celle des composés, on ne doit point oublier le baume d’arcéus, l’onguent de la mère, celui de stirax, l’emplâtre de diachilon gommé, & de mucilage. M. Ami.


MATURE. (Voyez les mots Pins, Sapins, Mélese.)


MATURITÉ. État où sont les feuilles & les fruits lorsqu’ils sont mûrs : peu après ils se détachent de l’arbre & tombent. Newton vit tomber, d’elle-même, une poire de l’arbre qui la portoit, & cette chûte lui fit imaginer son fameux système de la gravitation. Cet homme immortel, & auquel la bonne physique doit ses élémens, explique bien pourquoi ce fruit est attiré par la terre ; mais personne encore, avant M. Amoreux, n’avoit découvert la vraie cause particulière qui le séparoit de l’arbre, ainsi que les feuilles, lors de leur maturité. L’auteur va parler.

» Dans l’homme, comme dans les animaux, la réunion de deux pièces qui peuvent se séparer au besoin, soit qu’elles adhérent étroitement l’une à l’autre, soit qu’elles se meuvent l’une sur l’autre, à l’aide de quelques liens, constituent une articulation. D’après ce principe incontestable, je dis que les feuilles qui sont implantées sur les branches, sur les rameaux, & sur les tiges des plantes, spécialement des arbres & des arbustes, y sont réellement articulées. Cette assertion reçoit sa pleine certitude vers la fin de l’automne, quand les arbres se dépouillent de leur ornement. Les cicatrices que les feuilles laissent en se détachant de l’arbre, prouveront à tout observateur, que ces parties sont simplement contigues, puisque leur séparation se fait sans déchirure. »

« Les vaisseaux de communication de l’arbre aux feuilles, & les fibres qui se continuent de l’un à l’autre, ne reçoivent plus les sucs nécessaires à leur entretien, par la suppression & l’engourdissement que cause dans le mouvement de la sève la température froide de l’air. L’engorgement par trop d’humidité, le resserrement des fibres, l’oblitération ou l’affaissement des pores des feuilles, ne permettent plus ni absorption, ni transpiration ; celles-ci deviennent des organes inutiles, & abandonnent leur soutien. C’est ainsi que se détacheroit un membre d’un animal, si on interceptoit totalement le cours des fluides qui y abordent, jusqu’à lui donner la mort, ou si l’on en coupoit les ligamens articulaires ».

« Si on tâche d’enlever les feuilles d’un arbre en vigueur, & dans le temps qu’il est en sève, quelque précaution que l’on prenne, on ne sçauroit y réussir, sans casser le pétiole ou la queue des feuilles, ou même sans causer une déchirure dans l’écorce des branches : ces parties semblent en effet ne faire qu’un seul tout. Si l’arbre devient, au contraire, languissant, on les arrachera sans peine : elles s’en sépareront spontanément, ou par le moindre effort extérieur, comme par une secousse, par le vent, par la pluie, ou lorsque le froid commence à ralentir la végétation… Si les