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chement, pour s’être trop livrés à ce vice honteux ! Combien n’y en a-t-il pas qui sont morts, victimes de cette horrible passion ! Outre le marasme des solides & des fluides, il en est encore une autre espèce, qui dépend d’une cause nerveuse. On n’y observe ni toux, ni fièvre remarquable, ni difficulté de respirer ; mais il y a un défaut d’appétit & de digestion. Au commencement de cette maladie, le corps devient œdémateux & bouffi ; le visage est pâle & défiguré ; l’estomac répugne à toutes sortes d’alimens, il ne retient que les liquides, & les forces du malade diminuent tellement qu’il est réduit à garder le lit, avant que les chairs soient totalement consumées.

Les causes qui disposent à cette maladie, sont les violentes passions de l’ame, l’usage immodéré des liqueurs spiritueuses & des alimens échauffans ; la faim, la soif supportées trop longtemps ; les exercices violens, les travaux pénibles, les veilles continuelles, le défaut de bons alimens ; enfin, la dépravation du suc nourricier.

Quand cette maladie est produite chez les enfans par des embarras dans les glandes & les viscères du bas-ventre, on doit appliquer des topiques émoliens &c résolutifs sur le bas ventre, pour pouvoir résoudre ces obstructions, ou le frotter avec de l’onguent d’althea ; faire prendre des bains de lait & des résolutifs internes.

Chez les vieillards, le traitement est plus facile. Il faut employer les eaux termales ou acidules. Le traitement le plus simple consiste à dpnner des évacuans avec des fortifians. L’émétique seroit nuisible, à moins qu’on n’eût rendu l’humeur mobile & le ventre libre. Il vaut mieux s’en tenir à certains purgatifs, tels que la rhubarbe & le mercure doux en bol, & dans l’intervalle de ces purgatifs, donner des gommes résolutives, comme la teinture volatile de gayac.

Le savon combiné avec la myrrhe, conviennent quand il y a de la mucosité dans les humeurs. On doit encore faire faire de l’exercice, & des frictions aromatiques sur le bas-ventre. Mais avant ces frictions, il faut procurer la liberté du ventre, sans cela elles échauffent considérablement, & causent des étranglemens funestes, & la fièvre lente. Le lait de vache, de chèvre, celui d’ânesse, les crèmes de riz, d’orge, de sagou, de pomme de terre, les bouillons mucilagineux, comme ceux de veau, de tortue, de poulet & de limaçons, des bonnes gelées à la viande, & les boissons adoucissantes, conviennent en général à tout espèce de marasme, sur-tout à celui qui a pour cause un vice dans les fluides & dans la rigidité des solides. Il ne faut jamais perdre de vue l’estomac ; c’est de tous les viscères celui auquel il convient de s’attacher. Pour cela on doit le fortifier & le raffermir ; le quinquina, la gentiane, la camomille, sont des remèdes trop énergiques pour en négliger l’emploi. Mais, un remède éprouvé en Angleterre, & qui est très-propre à rétablir singulièrement les digestions, est l’élixir de vitriol pris à la dose de vingt gouttes deux fois par jour, dans un verre d’eau ou de vin.

Buchan recommande beaucoup le vin calibé. Il fortifie les solides, &