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rer entre les doigts les feuilles roulées des arbres, pour écraser le ver qui s’y est logé.

On retourne la douve ou planchette dont on a couvert ses jeunes pêchers nouvellement plantés, pour donner plus de place & d’air aux jeunes pousses qu’ils ont faites.

Mai.

On fera bien d’accoler & de donner le premier lien à la vigne, pour attacher les branchages longs que le vent pourroit décoller, & ôter en même temps quelques bourgeons, pour ne laisser que les plus beaux sarmens, au nombre de deux, trois ou quatre, plus ou moins, suivant l’âge & la force du cep.

On visitera les espaliers, pour retirer les nouveaux bourgeons qui passent derrière les treillages ; on attachera les plus longs, & l’on ôtera les feuilles cloquées & les limaçons.

Il faut pincer ou rompre les jeunes branches des groseillers, élever ses tiges, que le vent pourroit casser.

Vous n’oublierez pas les greffes en écussons des châtaigniers, des cerisiers & des pruniers, si elles ne sont pas encore faites ; celles en flûte ou en sifflet des figuiers ; & encore celles en fente qui restent à faire des pommiers & des poiriers. Les greffes faites en ce tems-ci pousseront au bout de quinze jours, si le temps est favorable ; pendant que celles faites en avril sont quelquefois un mois sans qu’on y aperçoive aucun mouvement.

Vous fumerez, s’il est besoin, & labourerez, aussi-tôt que les fruits seront noués, les arbres qui n’ont pu l’être dans les terres fortes & humides.

Si on éprouve une grande & longue sécheresse en mai, les arbres manquent de sève, les fruits se détachent & tombent ; il faut alors verser avec l’arrosoir quelques seaux d’eau par-dessus les feuilles, si l’on peut, & au pied de ses arbres, pour les remettre en sève. Les prunes tombent les premières.

On donne un second ratissage aux allées, & l’on tond les buis pour la première fois, afin qu’ils puissent se recouvrir de feuilles avant l’été.

Quand on s’apperçoit par des points noirs, particulièrement au revers des feuilles du poirier de bon-chrétien d’hiver, qu’elles sont attaquées du

    & couvrent la terre. Il est alors aisé de reconnoître la présence du ver, & l’ouverture par laquelle coule la sciure ; il suffit de prendre la perpendiculaire si une branche est attaquée, ou d’examiner le tronc de l’arbre du côté où la sciure s’accumule ; on prend ensuite un fil de fer que l’on insinue dans la cavité, & on le pousse jusqu’à ce que la résistance mette obstacle à sa plus forte introduction. Il est bon d’observer cependant que souvent les courbures de la galerie arrêtent le fil de fer avant qu’il soit parvenu jusqu’à l’insecte, & on se tromperoit grossièrement si on s’imaginoit l’avoir tué. Pour éviter cette méprise, on garnit la pointe du fil de fer avec un gros plomb de lièvre, l’arrondissement du plomb glisse sur les irrégularités du tube, & permet son introduction ; enfin on le pousse & on le retire à différentes reprises, jusqu’à ce qu’on soit bien convaincu d’avoir tué l’insecte. Si la cavité est pleine de tours & de détours, si l’introduction du fil de fer jusqu’au bout devient impossible, il faut alors fendre l’écorce, & aller chercher l’animal dans sa retraite. On pansera ensuite la playe avec l’onguent de S. Fiacre.