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des brebis pleines, & de l’humidité du sol, on doit bien comprendre pourquoi elle attaque particulièrement les agneaux & les anthénois ; pourquoi elle n’est pas aussi considérable tous les ans.

S’il arrive souvent de grandes mortalités qui détruisent la moitié, ou plus de la moitié des troupeaux, on doit chercher la cause de ces ravages extraordinaires dans les troupeaux achetés à des marchands, que l’on introduit dans les métairies, & qui viennent des lieux humides.


Préservatif de la maladie rouge.


Quand il seroit possible de guérir facilement toutes les maladies des bestiaux, chaque fois qu’elles reparoissent, il ne seroit pas moins intéressant de leur chercher de sûrs préservatifs. La multiplicité des occupations des cultivateurs, le peu d’habitude qu’ils ont d’appliquer des remèdes, les soins qu’il faut pour les employer convenablement, tout doit faire craindre que si on ne leur présentoit que des moyens de les guérir, même assurés, ils ne perdissent encore un grand nombre de leurs bestiaux. Mais ils sont bien plus en droit de désirer qu’on leur enseigne des préservatifs pour une maladie qu’on n’ose encore se flatter de combattre avec succès lorsqu’elle est déclarée, telle est la maladie rouge ; on ne peut en indiquer de ce genre, que d’après l’examen des circonstances qui l’accompagnent, & d’après l’étude de ses symptômes & de ses effets. Voici ceux qui ont paru à M. l’Abbé Tessier les moins douteux, non pas pour éteindre entièrement la maladie, d’autant plus qu’elle dépend en partie de la nature du sol de la Sologne ; mais pour en diminuer, autant qu’il est possible, les ravages.

Procurer un écoulement aux eaux stagnantes de la Sologne, en creusant le lit des rivières & des ruisseaux, & en y pratiquant des canaux, comme il y a lieu de croire qu’il y en avoit autrefois, par les traces qu’on en rencontre dans beaucoup d’endroits ; ce seroit, sans doute, la manière la plus sûre de donner, à la fois, à cette province, & la salubrité, & la fertilité dont elle a le plus grand besoin. Ces terres, étant alors moins humides, & les récoltes plus abondantes, on préviendroit bien des maux, & particulièrement la maladie rouge. Mais, ce sont-là de grands moyens, qu’on ne peut espérer de voir exécutés de longtemps, & que le Gouvernement seul est en état d’entreprendre.

Pour corriger le mal, autant qu’il est au pouvoir des habitans du pays, il seroit à désirer, avant tout, que les métayers de Sologne, en employant plus de soins & d’activité, veillassent davantage à la conservation de leur bétail.

Afin d’éviter les grandes mortalités, on n’introduira dans les métairies qu’on veut garnir de troupeaux, que des bêtes à laine, élevées dans des endroits connus & non suspects. Celles qu’on achètera dans le voisinage, ou dans une autre province, dont le sol est plus sec, seront moins sujettes à cette maladie.

On diminuera les mortalités ordinaires, si l’on mène souvent les troupeaux dans des lieux plantés en genêt ; si on ne les laisse point exposés à la rosée, à la pluie & aux orages ; si on les écarte des prairies humides ;