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les végétaux qui croissent en même-temps que le maïs, on doit toujours opérer ce retranchement avant la moisson.

De sa maturité. Elle s’annonce par la couleur & l’écartement des feuilles ou enveloppes de l’épi ; alors le grain est dur, sa surface est luisante, & ses feuilles jaunâtres ; enfin le temps de faire la moisson est indiqué. Le maïs semé dans nos provinces méridionales en mai, est mûr dans le courant de septembre, & un peu plus tard dans les contrées moins chaudes.

De sa moisson. Lorsque le moment de récolter le maïs est venu, & qu’il règne un temps sec, les laboureurs envoyent leurs gens aux champs arracher les épis auxquels ils laissent une partie de l’enveloppe, ils en forment d’espace en espace de petits tas, afin que le grain ne soit pas exposé à s’échauffer & à fermenter ; ils le transportent ensuite à la grange dans des voitures garnies ordinairement de toiles ; c’est là qu’on achève de disposer le maïs à entrer au grenier, & à prolonger la durée de sa conservation.


Section XII.

Maïs regain.


Dans le courant de juin, lorsque les terres ont déjà rapporté du lin ou de la navette, on leur donne un coup de charrue, & aussitôt on y seme du maïs qu’on a eu soin de laisser macérer dans l’eau pendant vingt-quatre heures, pour accélérer sa végétation ; on pourroit même, si la saison étoit sèche, le semer tout germé ; il arrive plus tard à maturité, mais souvent il n’en est pas bon, sur-tout lorsque le canton est un peu méridional, & que les chaleurs se prolongent jusqu’au commencement d’octobre ; cette espèce est connue en Bourgogne sous le nom de bled de Turquie de regain.


Section XIII.

Maïs fourrage.


Par-tout où le maïs forme la nourriture principale des hommes & des animaux, quelques portions de terreins sont uniquement destinées à la culture de ce grain pour en obtenir un fourrage verd. Dans les cantons qui sont peu riches en pâturage, ou lorsque les subsistances de ce genre ont manqué, on seme du maïs immédiatement après la récolte, dans des champs qui ont déjà rapporté du seigle ou de l’orge ; enfin, lorsque le maïs a été semé dès le mois d’avril, toujours à dessein de le récolter en fourrage, on peut faire dans la même pièce jusques à trois moissons ; mais cette possibilité suppose un climat dont la température soit chaude, assez uniforme & suffisamment humide on ne doit pas craindre au surplus que ce fourrage, recueilli trois fois sur le même champ, puisse préjudicier aux récoltes futures, parce que toute plante dont la végétation est aussi rapide qu’on s’empresse de couper avant la floraison, ne dégraisse jamais les fonds où on l’a semée, elle y laisse au contraire des racines tendres & humides, qui se pourrissent aisément, & rendent à la terre l’équivalent de ce qu’elles en ont reçu.

Après avoir donné à la terre un coup de charrue, le plus profondé-